Habiter la profondeur du Yin
Le silence d’hiver
Le solstice d’hiver a eu dimanche. Nous avons officiellement franchi le seuil de la nuit la plus longue, ce point de bascule où l’obscurité atteint son apogée avant que la lumière ne commence sa lente et imperceptible remontée. C’est un moment charnière qui nous invite à un changement de rythme nécessaire, une transition entre le faire et l'être.
L'hiver dans le corps : entre survie et repli
Physiologiquement, notre corps ressent l'hiver comme un défi de conservation. L'absence de lumière agit directement sur nos cycles circadiens : la mélatonine s'étire, nous plongeant dans une somnolence naturelle, tandis que notre sérotonine fluctue. C'est un signal clair de la biologie : nous ne sommes pas conçus pour produire à plein régime sous un ciel gris de décembre.
À cela s'ajoute le froid, qui force nos muscles à une vigilance constante. Les tissus se contractent, les épaules montent, le corps se densifie pour protéger son noyau thermique. Si nous ne prenons pas le temps de relâcher volontairement cette armure, cette tension devient une fatigue chronique.
La sagesse du Rein : le sommet du Yin
En médecine chinoise, l’hiver est la saison du Rein. C’est le moment le plus « Yin » de l’année, une période propice pour recharger nos batteries profondes et nourrir nos surrénales, qui sont nos réservoirs d’énergie vitale.
Alors que nous tentons souvent de traverser l'hiver à la vitesse de l'été, la nature nous montre un tout autre chemin : celui du ralentissement absolu. J'aime imaginer ce qui se passe sous la surface en ce moment. Dans la forêt, tout semble figé, mais sous la neige, un réseau immense de mycélium continue d'échanger, de relâcher l'inutile et de préparer la vie à venir. C’est une danse silencieuse entre l’inspiration et l’expiration.
Naviguer sa météo intérieure
Pour cette fin d'année, je vous invite à écouter ce que votre corps réclame :
Créer de l'espace : Au lieu de chercher à tout prix à manifester de nouveaux projets par la seule force de la volonté, et si on créait simplement l'espace nécessaire pour laisser apparaître ce qui nous fait du bien ?
Relâcher : Puisque le froid nous contracte, offrez-vous des moments de chaleur et de relâchement conscient. Qu’est-ce qui ne vous sert plus et que vous pourriez redonner à la terre, comme une feuille qui tombe pour devenir terreau ?
Le ressenti avant l'objectif : Si vous avez des projets pour 2026, concentrez-vous sur le ressenti qu'ils vous procurent (vitalité, calme, curiosité) plutôt que sur l'objectif matériel. Le sentiment de liberté que l'on cherche dans un voyage se trouve parfois simplement dans une heure de silence ici même.
L’hiver n’est pas une saison morte ; c’est une saison de gestation. C'est le repos du guerrier et de la guerrière avant le retour de la lumière. Je vous souhaite de trouver ce lit de neige intérieur tout fluffy, un espace de silence et de présence, pour vous y déposer quelques instants.
